Project Description

Cas de burnout

La problématique

Reconnu par sa Direction pour ses compétences et son implication, un cadre technique se voit confier la maitrise d’ouvrage de l’agrandissement de l’usine avec la mise en place de nouvelles lignes de production.

Le jour de l’inauguration, après 2 ans de chantier, le salarié s’arrête soudain de long de la route, rédige un mail à son Directeur pour lui expliquer sa lente descente aux enfers, ses idées noires et son besoin de partir.

Nous intervenons, à l’initiative du Directeur, sur ces derniers mots, alors qu’il reste injoignable, même pour son épouse.

Notre analyse

Nous observons ici plusieurs caractéristiques récurrentes dans les problématiques de Burnout :

  • l’investissement fort du salarié, l’envie de prouver qu’il est à la hauteur des objectifs que l’entreprise lui fixe ;
  • un salarié qui adorait son métier pour le côté technique et manuel, et qui s’est vu proposer des fonctions de Direction, très éloignées de ce qu’il aimait faire mais qui, dans nos cultures, sont une marque de reconnaissance que l’on ne peut refuser ;
  • un Directeur charismatique qui ne laisse pas place aux « faiblesses » (taquine en public les collaborateurs sur leurs points d’amélioration, fait de nombreuses heures, envoie des mails le soir, le WE) ;
  • des délais courts malgré un enjeu stratégique important de ce chantier pour le développement de l’entreprise, pesant trop lourd sur les épaules de ce salarié.
  • un signal à mi-parcours (malaise cardiaque) qui n’alerte pas suffisamment pour anticiper le burnout.

Ce que nous avons mis en place

Mise en place d’une cellule de crise :

  • implantation d’un psychologue sur l’usine pour rencontrer le Directeur et l’épouse qui travaille aussi sur le site. Il les conseille sur les messages à faire passer, les mots à utiliser pour que la communication puisse être rétablie.
  • Suivi psychologique et individuel du salarié et de son épouse sur une période de 6 mois.

Supervision managériale du Directeur :

  • Décryptage de l’impact de sa posture, amélioration de son management des hommes et compréhension des enjeux des collaborateurs.
  • Médiation entre la Direction de l’entreprise et le salarié, à la demande du salarié, avec la présence du psychologue.

Résultats

  • Le salarié, après avoir pris connaissance des messages de sa Direction, a renoué le contact, ce qui a permis de le rassurer sur la bienveillance des intentions de son employeur à son égard.
  • Dans le cadre de son accompagnement psychologique et avec l’accord de son médecin traitant, il a été convenu qu’il reviendrait assez rapidement au travail, pour préserver l’estime de lui-même, selon un rythme de 2 jours par semaine au départ, à un mi-temps, puis 4 jours par semaine au bout de 6 mois.
  • Malgré ce mode opératoire, le salarié, trop atteint physiquement et psychologiquement, n’a pu retrouver son implication. Les troubles de la mémoire et de la concentration dont il souffrait à présent l’ont amené à la conclusion qu’il ne pourrait plus tenir son poste à responsabilité.
  • Avec l’appui de sa Direction, il a donc pu négocier un départ et recommencer une vie comme artisan tout corps d’état, sa formation initiale et sa passion.
  • Ses problèmes de santé se sont lentement résorbés.
  • Le Directeur a modifié son fonctionnement (envoi différé des mails, arrêt des remarques, prise en compte de l’autre dans ses particularités). Ses relations avec ses collaborateurs sont devenues plus détendues et authentiques, son rythme de vie a aussi évolué, réinvestissant sa vie familiale à sa plus grande joie. Tout en étant moins disponible quantitativement, il a compris qu’il l’était plus qualitativement (car apaisé et concentré), ce qui a amélioré ses performances professionnelles.

L’épuisement professionnel doit être identifié le plus tôt possible car le burnout, loin des clichés médiatiques, est à l’origine de maladies grave et de décès.

Pour les personnes qui survivent, le handicap est certain et de plus en plus reconnu (une salariée vient d’être reconnue en invalidité de niveau 2 suite à un burnout).

Le salarié et l’entreprise ont une responsabilité partagée, des solutions existent si chacun décide d’aborder le sujet sans résistance, jugement ou tabou.